Dans le vignoble
Culture biologique des vignes – aucun herbicide, aucun pesticide, compost naturel et engrais biologique uniquement.
Labourage du sol sous chaque rang – effectué plusieurs fois par an afin de maintenir le sol aéré, riche et biologiquement actif.
Enherbement entre chaque rang pour maintenir un écosystème autosuffisant et limiter l’érosion du sol.
Ebourgeonnage et épamprage manuels afin que chaque pied de vigne concentre son énergie sur les grappes de raisins sélectionnés, limitant ainsi le rendement des vignes. Voir la vidéo
Effeuillage à la main de chaque pied de vigne permettant une exposition au soleil optimale de chaque grappe et une aération qui réduit les risques de maladie. Voir la vidéo
Egrappage si nécessaire pour éliminer les grappes affectées par la pourriture grise et celles dont le mûrissement n’est pas homogène.
Vendanges manuelles – tri rigoureux des grappes les plus mûres et les plus saines – nous laissons les autres grappes au sol pour nourrir le vignoble. Les grappes sont récoltées dans des paniers aux heures les plus fraîches de la journée et ramenées rapidement au pressoir (moins d’une heure après le ramassage). Cela permet que les grappes arrivent entières au pressoir, sans répandre de jus, réduisant ainsi les risques d’oxydation et de maladie fongique. Voir la vidéo
La combinaison de ces pratiques entraîne des rendements par hectare très peu élevés et par conséquent une production de vin limitée.
Dans le chai
Utilisation de levures naturelles exclusivement : les levures se développent sur la peau des raisins arrivés à maturité (pas de complément de levure commerciale dans le jus après le pressurage pour encourager la fermentation)
Fermentation et élevage en barriques – pendant dix mois au minimum avant la mise en bouteille
Bâtonnage manuel des barriques plusieurs fois par mois pour aider au développement des arômes naturels et protéger le jus de l’oxydation
Pas de traitement à froid (par conséquent il peut arriver qu’il y ait un dépôt de cristaux de tartre dans les bouteilles, ce qui est un phénomène naturel et sans effet sur le goût)
Utilisation réduite au strict minimum de sulfites pour conserver le vin
Utilisation minimum de barriques neuves en chêne afin d’éviter le classique arôme de bois, très souvent utilisé dans le vin blanc, lequel masque les vrais arômes et saveurs du raisin
Nos bouchons sont issus de la seule plantation de chêne-liège biologique située au Portugal ; nos étiquettes sont réalisées avec des encres à l’eau (pas de produits à base de pétrole). Ceci représente bien sûr un coût plus élevé, mais fait aussi partie de notre philosophie.
Ce que peu de personnes réalisent, c’est la quantité d’additifs qui peuvent êtres ajoutés dans un vin pour le standardiser (et qui le rendent par là même “artificiel”). Voici une liste d’additifs autorisés et employés par les viticulteurs en Europe (qui, malgré tout, est probablement la région du monde la plus restrictive en la matière et la plus contrôlée !) : voir la liste.
Au Clos de la Meslerie, nous utilisons UNIQUEMENT UN SEUL des additifs cités sur cette liste : les sulfites en dose réduite au strict minimum pour protéger le vin de l’altération.
Les vins non sulfités sont extrêmement fragiles et particulièrement sensibles aux variations de température et autres évènements tel que le transport et qui peuvent entraîner l’altération du vin jusqu’à l’apparition de goûts et de saveurs plus que désagréables. La plupart de mes clients résidant hors de France, je ne peux pas prendre le risque d’envoyer des vins non sulfités pour de si longs transports. Lorsque je produirai quelques fûts de vin non sulfité, j’espère que mes clients traverseront la mer pour venir le boire ici avec moi !
Les installations
Les installations ont été rénovées et équipées pour répondre aux principes de base suivants :
Prise en compte du processus depuis l’arrivée des grappes de raisins au pressoir jusqu’à la mise en bouteille en limitant au maximum les interventions mécaniques – par exemple pour le pompage du jus (utilisation de la gravité pour déplacer le jus des cuves de débourbage aux barriques)
Nettoyage des équipements – il est impératif d’être particulièrement vigilent lors du nettoyage pour éviter toute contamination qui pourrait entraîner une altération des saveurs, tel que le goût de bouchon
Respect de l’environnement – nous n’utilisons que de l’eau à haute pression et aucun détergent ou produit chimique
Le pressoir
Il y a beaucoup de choses que je trouve spéciales et uniques sur le domaine, mais le pressoir est sans doute le plus notable et représentatif de la façon dont nous travaillons. Nous pressons les grappes à la main. Cela mérite un peu plus d’explications.
Quand je me suis embarqué dans la rénovation du chai, celui-ci tombait littéralement en morceaux. Il était rempli de vieux outils et de rebus, l’eau coulait par la toiture à chaque fois qu’il pleuvait, les branchements électriques avaient brûlés, les tuyaux étaient rongés par la rouille… Pendant des jours, nous avons débarrassé le chai de tout ce qui l’encombrait en remplaçant l’électricité par des lampes torches. Petit à petit, nous avons mis au jour deux anciens pressoirs, entre 50 et 100 d’âge. Véritables exemples de prouesse mécanique, carcasses de métal,bois et béton, solides comme de vieux bateaux, design aux lignes simples. Visiblement, ils n’avaient pas servi depuis des décennies.
Initialement, j’envisageais de faire l’acquisition d’une de ces nouvelles presses pneumatiques qui sont considérées comme les plus qualitatives des presses modernes électriques. Je pensais simplement donner un coup de peinture aux anciens pressoirs et les garder comme décoration, un petit rappel désuet au passé. Un jour j’ai montré ces pressoirs à Vincent Carême, un ami proche, un conseiller inestimable et un des meilleurs vignerons de la Loire. Il a regardé attentivement le plus “récent” des deux et m’a dit dans un sourire “tu sais, je parie que tu pourrais utiliser ce pressoir”. Ce fut le début d’une longue aventure pour la restauration de cette ancienne beauté. Un menuisier a reproduit à l’identique certaines pièces de bois ; des vignerons plus âgés et qui avaient connu dans leur jeunesse ce type de presse, sont venus nous expliquer les étapes successives du pressurage, du nettoyage, du graissage…de cette fabuleuse machine. Le pressoir fut donc restauré et nous avons pu l’utiliser dès 2008 pour nos premières vendanges. La rumeur d’un américain fou et de son vieux pressoir s’est vite répandue. Cela nous a valu la visite de nombreuses personnes et de vignerons qui s’arrêtaient juste pour jeter un coup d’œil à ce spectacle insolite et quelque peu archaïque.
En dehors du caractère drôle et amusant que peut revêtir “l’histoire du pressoir”, il y a en fait des éléments techniques et qualitatifs qui entrent en ligne de compte. Utiliser un pressoir de ce type signifie que nous n’avons pas d’autres choix que de réaliser un pressurage doux et lent. Il nous est impossible d’atteindre la même pression que celle exercée par une presse moderne. Par conséquent, nous obtenons uniquement le premier jus du raisin. Et je suis convaincu que nous obtenons ainsi le meilleur des grappes. Bien sûr, cela veut également dire que nous obtenons beaucoup moins de jus (probablement la moitié) que si nous utilisions une presse moderne.
Le jardin
Bien que nous concentrions nos efforts sur le vin, notre philosophie s’étend à la propriété dans son ensemble et au travail nécessaire, ainsi qu’à notre mode de vie. Nous pratiquons une culture biologique pour les fruits et les légumes que nous cultivons.
Le verger que M. Sauger, le propriétaire précédent, nous a laissé, parmi tant d’autres héritages à la Meslerie (incluant diverses espèces de fleurs qui se succèdent à longueur d’année) contient une quantité d’arbres fruitiers : pommiers, poiriers, pruniers, pêchers, cerisiers, cognassiers, noyers… Nous cultivons des fraises, des framboises, des cassis, des groseilles et les haies sont couvertes de mûres sauvages. Dans le potager, nous faisons pousser des tomates de diverses variétés, des haricots verts, des choux, des pommes de terre, des laitues, des courgettes, etc… Nous avons également un jardin pour les herbes aromatiques et les épices. Tout est cultivé biologiquement, et fertilisé avec notre propre compost. Nous préservons nos fruits et nos légumes, ainsi nous pouvons en profiter tout au long de l’année.
Nous élevons également des poules (des gélines de Touraine), toujours de façon biologique, pour les œufs et la viande. Je suis aussi chasseur, et nous consommons la totalité de ce que je tire. Cette viande est sans doute la plus biologique et la plus saine que l’on peut consommer.
Toujours dans cet esprit, nous possédons des ruches. Les abeilles nous fournissent non seulement un miel délicieux, mais participent à l’écosystème de la Meslerie en transportant le pollen de fleur en fleur…conservant la magie de ce lieu en vie.